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 La petite ( et horrible ) histoire de Velgard

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Hystadrion
Ecrivain de Sarnaut
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Faction: Empire
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MessageSujet: La petite ( et horrible ) histoire de Velgard   La petite ( et horrible ) histoire de Velgard Icon_minitimeMar 29 Mar - 21:17

Je m'installe au coin du feu, dans un fauteuil, et j'étends mes jambes. Je regarde mon auditoire, puis me lance :
-Ce soir, vous découvrirez Velgard. Cet Allods isolé et glacé fut victime d'un terrible carnage, il y a de cela des années. Mais laissez-moi vous raconter sa chute, et l'horreur qui est à son origine.



Nuit(s) et jour d'horreur

Groark grogna de dégoût, lançant mollement son pied dans le corps affreusement mutilé... Sa tête le lançait, en souvenir de sa cuite d'hier soir... Un gargouillis torturé le fit se retourner, juste à temps pour admirer Dorion vomir tripes et boyaux, plié en deux, les genoux flageolants... Un soupir lui échappa, tandis que, tournant le dos au cadavre, il rejoignait Aneliar, qui marmonnait inlassablement dans sa barbe.

- Qu'en penses-tu ?demanda le policier à son confrère magicien.

- Hein ? Qu'y a t-il ?... Ah oui, le meurtre. Comme les trois précédents... Tueur en série donc, et sauvage avec ça... Il n'y a pas de lien supposé entre les victimes... De plus...

Alors que le sorcier continuait son monologue, l'orc se détourna, et rejoignit Yeonna, la prêtresse, qui bénissait sans grande conviction les rudes montagnards du seul hameau de Velgard. Sous sa chevelure effilée et emmêlée, deux yeux noirs brillaient au milieu d'un visage ridé par les ans... et l'alcool. Sa démarche boiteuse et vacillante, son expression lasse et sa robe déchirée lui donnaient l'allure d'une inquisitrice déchue. La vieille femme se retourna, et l'apostropha d'un ton cynique :

- Eh bien, nous sommes sûrement bénis de Tensess, Messire guerrier... Comme votre ventre d'ailleurs, ajouta t-elle avec une pointe d'amusement.

- Grrrr... Fichue prêtresse, râla t-il. Aurais-tu quelque chose pour ma tête ? Et, continua Groark après un regard exaspéré vers Dorion, autre chose pour son estomac ?

- La taverne du Lion Blanc fait-elle toujours une aussi bonne bière, pour que tu t'en hydrates tant le gosier ? Quand à Dorion, ce n'est pas une potion qu'il lui faudrait, mais un coeur plus accroché... affirma t-elle d'un ton badin.

- Fais quelque chose, c'est tout ce que je te demande !s'exclama l'orc, dont le mal de tête commençait à sérieusement l'indisposer.

Avant même que la vieille femme ait pu répondre quoi que ce soit, Groak détourna les talons et remonta la rue d'un pas rageur. C'est que l'orc était à la tête d'une fine équipe ! Après sa bévue et ses écarts dans l'armée, on l'avait envoyé pourrir ici, dans ce trou perdu et gelé. Certes, il buvait un peu trop, mais ce n'était pas un délit si grave... sauf quand, sous l'emprise de l'alcool, vous assommiez tout net votre chef de bataillon, et une bonne demi-douzaine de vos camarades... Le guerrier pensa à ses coéquipiers.

D'abord, Yeonna. Cette vieille sorcière était là depuis une éternité, à avaler ses infâmes substances alcoolisées, et bénir une population aussi rude que superstitieuse, râlant et blasphémant à tout va et à longueur de temps.

Ensuite, Aneliar. Ce mage, trop intelligent pour lui, était arrivé ici à cause d'une conspiration et d'insultes à un chef. En effet, bien que malin, Aneliar était une catastrophe totale dans le domaine de la magie. Mais, n'ayant jamais voulu abandonner, il était devenu la risée de ses collègues, et l'amertume et la jalousie l'avaient gagné. D'âge moyen, son visage était pourtant creusé par ces vices.

Groark était arrivé après le mage et la prêtresse.

Enfin, il y avait Dorion. Rien que d'y penser, ça lui en hérissait la crête, à l'orc. Ce paladin, comment avait-il pu en arriver là d'ailleurs ? Ce vengeur était lâche et incapable, fragile de coeur et d'esprit, sans honneur ni ruse, une véritable lavette...


L'orc s'arrêta devant Le Refuge, unique taverne du unique hameau de ce fichu allods nommé Velgard, et poussa la porte. L'auberge miteuse abritait ici nombre de travailleurs velgardiens, tous venus dans ce trou pour étancher leur soif... et éteindre leurs soucis. S'asseyant lourdement sur une chaise, Groark commanda une bière, puis une autre, puis une troisième, et continua de boire, encore et encore...

Quand Yeonna, Aneliar et Dorion passèrent la porte du Refuge, la grande salle était presque déserte. Le sol était jonché, ici et là, de quelques corps trop saouls pour rentrer, un sourire abruti sur le visage. Mais les policiers cherchaient autre chose, et ils le trouvèrent, la tête dans les bras et affalé sur le bar, une chope couchée à ses côtés, dont le contenu s'était répandu sur le bois, et tombait, goutte à goutte, sur le plancher, dans la lumière tamisée de l'auberge...

- Bah j'vous l'avais dit, on s'ra pas trop d'trois pour bouger c'te masse là, grogna Yeonna d'une voix rauque et fatiguée.

- Ah... Ah bon... Parce qu'on va le bou... bou... bouger ?demanda Dorion en tremblotant. Vaudrait mieux le lai... laisser ici, se réveillerait au matin.

Aneliar et la prêtresse portèrent un regard exaspéré sur le vengeur, s'approchèrent de leur collègue, le saisirent avec force grognements sous les bras et par les pieds, et l'emportèrent tant bien que mal hors de la taverne, passant devant un paladin tremblant et incapable de faire quoi que soit.

Les deux confrères soupirèrent, et, dans le froid de la nuit, menèrent leur compagnon jusqu'à sa demeure, ouvrirent la porte et le déposèrent sur le lit de camp dans un coin de la chambre...

Avant d'entendre un terrible hurlement, un cri de peur et de terreur pures... Laissant Groark à ses ronflements, les enquêteurs bondirent dans la rue, traînèrent Dorion derrière eux, armes au clair et sort au bout des lèvres, courant droit vers la source du bruit. Les bottes cloutées du paladin produisaient un grand fracas, le bâton de Yeonna frappait le sol durement, et les articulations d'Aneliar couinaient.


Une silhouette releva la tête à l'approche de la cavalcade. Massive et puissante, elle se mit debout et surplomba le cadavre de toute sa hauteur. En quelques instants, elle rabattit sa capuche et s'évanouit silencieusement dans une des rues, ne laissant derrière elle qu'un corps à moitié déchiqueté...


Les policiers débouchèrent dans la rue, et pilèrent net face au mort, avant d'apercevoir du coin de l'oeil une ombre disparaître au coin de la ruelle. Ni une, ni deux, ils se jetèrent à sa poursuite...


La course continuait dans la nuit, quand la ruelle se sépara brusquement en trois... Sans un regard pour Dorion, Aneliar le poussa à droite, lui même prit la voie de gauche, tandis que Yeonna prenait la rue centrale.


Le mage courait en ligne droite, et toujours rien. Examinant rapidement chaque porche et chaque recoin, il en conclut qu'il n'avait pas emprunté la bonne route, et revint précipitamment sur ses pas, craignant pour la vie de ses collègues.


Yeonna s'arrêta, vite essoufflée. Elle aurait déjà dû apercevoir le suspect, aussi réfléchit-elle rapidement, avant de prendre sa décision. Rebroussant chemin, la prêtresse sprinta vers l'intersection, priant son dieu à voix basse d'épargner ses amis.


Dorion pila net. Un mur lui barrait le chemin. Une impasse, songea t-il, tandis qu'il tournait sur lui-même, terrifié, masse d'arme brandie d'une main tremblotante. C'est que ce cul-de-sac, il n'avait rien d'amical. Une ruelle pavée, puante des ordures et des déjections, l'avait mené jusqu'à la construction de pierres moussues et noirâtres qui bloquait net toute progression. Il pouvait à peine apercevoir le ciel, entre ces hautes constructions serrées les une contres les autres, et ce qu'il en voyait ne le réjouissait pas... Des nuages épais cachaient les étoiles, et c'est à peine si on décelait la lune, pleine cette nuit-là. Une lueur laiteuse baignait les murs, ravivait l'ombre qu'elle n'avait pu chasser, et composait un tableau terrifiant. Mille assassins auraient eu la possibilité de se dissimuler là-dedans, dans les innombrables coins et recoins de cette ruelle tortueuse, derrière les tas d'ordures et sous les porches assombris. Le paladin était paralysé, une peur panique s'insinuait en lui, comme toujours. Ses pas se faisaient plus bruyants, plus précipités, tandis qu'il prêtait un oreille inquiète aux bruits qui l'entouraient. Le jeune xadagannien tremblait sous son armure de métal, sa vieille cuirasse tintinnabulait lors de ses mouvements brusques, ses bottes tapaient le sol avec fracas... Quand un bruit sourd le fit se retourner vers le fond de la ruelle. Du coin de l'oeil, il lui semblait avoir aperçu quelques chose... Le vengeur brandit sa masse vers la source de son inquiétude, s'abrita derrière son bouclier, et apostropha l'ombre.

- Qui... Qui est là ? balbutia t-il d'une voix tremblotante, hésitante et terrifiée.

De longues secondes passèrent, et, finalement, Dorion relâcha ses épaules, baissa un peu sa garde, et se retourna... Pour échapper à trois bon mètres d'acier brillant par un sursaut instinctif et inespéré. La lame lui frôla tout de même l'épaule, et une vive douleur s'empara de lui... Mais tout, même la douleur, fut noyé dans la peur panique qui montait en lui, incontrôlable... Le vengeur fixa avec incompréhension la silhouette, hébété par sa terreur... C'est qu'elle avait de quoi terrifier, celle-là, et pas qu'un peu. Enorme, gigantesque même, ses larges épaules projetaient une grande ombre droit devant lui, une ombre qui engloutit le paladin. Engoncée dans un large manteau à capuche qui lui battait les jambes sous l'effet du vent, elle se dressait de toute sa hauteur, semblant emplir la ruelle à elle seule. Un arc dépassait de derrière son épaule, tandis que l'éclat d'un fourreau apparaissait sous sa cape, un fourreau dont l'épée était sortie, et se baladait à moins d'un mètre de Dorion, son acier éclatant près à mordre avec la vivacité d'un serpent la chair du guerrier...

Le paladin, l'adrénaline ayant enfin fait effet dans son organisme saturé de terreur et ses maigres réflexes de combattants ayant repris le dessus, il bondit tant bien que mal sur ses pieds, ses mouvements rendus encore plus maladroits par sa lourde armure. Il eut à peine le temps de lever son bouclier que déjà son assaillant faisait décrire un large arc de cercle à sa lame. Sa monstrueuse épée heurta le bouclier dans un fracas de tonnerre, alors même que son ennemi éclatait de rire, un rire glacé célébrant sa joie sauvage lors des combats, un rire qui promettait sang et mort...

Le bras de Dorion en trembla, et il recula d'un pas pour amortir le choc violent. Son bouclier n'était pas en fier état, cabossé de toutes parts par le coup, et bloquait son avant-bras entre le métal défoncé et la solide lanière de cuir. Alors que son adversaire approchait de plus en plus, le vengeur tentait désespérément de se défaire de l'acier devenu inutile. Mais la silhouette encapuchonnée n'attendit pas qu'il réussisse, et, avec un plaisir manifeste, frappa encore et encore le bouclier, le défonçant de plus en plus. A présent, Dorion hurlait de douleur, sa masse jetée sur le sol, en fixant son poignet et ses doigts broyés par la pression. Ici, une esquille d'os pointait à travers la peau, tandis que du sang perlait de l'articulation brisée. Mais une main énorme posa sur son épaule, l'enserrant dans un étau inébranlable, tandis qu'une autre tenait fermement le bouclier... Sa capuche était tombée, révélant un visage déformé par la cruauté et le sadisme, un visage orc, et un sourire mauvais, toutes dents découvertes, tandis que, maintenant d'une poigne de fer le corps tétanisé de Dorion, il tirait lentement sur le métal... Le paladin hurla de plus belle, de toutes ses forces, un hurlement terrible de douleur et de terreurs mêlées, alors que le métal se pliait sans céder sous la force phénoménale de son tortionnaire... Le bouclier était à présent presque plié en deux, et c'est alors que la lanière claqua sous la pression, dans un bruit sec et bref. D'une main, l'orc tenait le xadagannien, tandis que de l'autre il balançait le bout de métal. Il arracha d'un geste la cuirasse du paladin, lui meurtrissant tout le corps, et dégaina son épée... Deux bons mètres d'un terrible acier dentelé luisaient sous la lueur de la lune, attendant de fondre sur leur proie, affamés de sang et de morts. Ses yeux rouges plongeant dans ceux noisettes du paladin, il sourit encore plus, si c'était possible, et plongea sa lame droit dans le ventre de Dorion...

Le souffle coupé, celui-ci fixait sans comprendre l'orc, et l'assassin infligea lentement une torsion à l'épée, remuant et agrandissant la plaie, éventrant avec délectation le guerrier... Les hurlements du vengeur retentirent de plus belle, tandis que la massive silhouette retirait son arme sans se presser...

Jetant négligemment le corps torturé à terre, le meurtrier remit sa capuche, essuya sa lame, la rengaina et s'en fut, dans un tourbillon de tissu sombre, par dessus le mur, sans effort apparent, agile et souple, et se fondit dans la nuit...


Yeonna et Aneliar se ruèrent dans l'impasse d'un même élan, mais il était déjà trop tard. Leur coeur était déchiré par les cris horribles du paladin, et c'est l'âme pleine d'appréhensions terribles qu'il débouchèrent après un tournant sur la fin de la ruelle... Pour se figer face au spectacle qui s'offrait à leurs yeux écarquillés. La masse du paladin gisait non loin de son corps, tandis que son armure disloquée et son bouclier défoncé et plié se reposaient à deux mètres de là. Une flaque de sang auréolait Dorion, tandis que le ciel s'assombrissait de plus belle... Reprenant leurs esprits, les deux enquêteurs s'approchèrent du cadavre... Et découvrirent que leur collègue respirait encore, faiblement, mais il vivait... Toutefois, ni Aneliar ni Yeonna de pouvaient ignorer la terrible blessure qui rongeait la vie du xadagannien. Ses entrailles retournées débordaient de la plaie dans un flot de sang intarissable, et ses forces s'en allaient de plus en plus, et de plus en plus vite... Mais leur attention se reporta vite sur leur ami. En effet, celui-ci tentait d'articuler tant bien que mal quelques mots.

- Un... Un orc, murmura t-il d'une voix rendue balbutiante par la douleur, g... gra... grand... Vêtu de... de noir... et d'un man... manteau à cap... capuche. Il... Il porte une épée dentelée énorme, et... un arc... aussi... Il est.... puissant... très puissant... d'une force... d'une force incroyable...

- Doucement Dorion, calme toi maintenant... C'est fini, on va te ramener au poste, et te soigner... Puis on attrapera le s***** qui t'a fait ça, ensemble, ajouta Yeonna d'une voix plus forte. Tu m'entends ? Ensemble j'te dis ! On l'chopera c'meurtrier !sa voix passant cette fois-ci à l'hystérie la plus totale. Reste avec nous, bon sang, reste avec nous, le supplia la prêtresse.

- Ye... Yeonna... Tu le sais très bien, c'est... c'est fini pour moi. Personne pourra guérir c'te punaise de blessure, affirma le paladin. Le seul truc... truc que je souhaite... c'est que vous fassiez attention... Parce que ce gars-là... ça va pas être de la tarte... Soyez prudents hein ?

- Hé.. Hé petit, le coupa Aneliar. Pour ce coup-là, t'inquiètes pas trop, on l'aura celui-là, rien que pour toi. Repose toi maintenant, t'as bien agi, ça à dû être terrible...

- Laissez tomber, articula Dorion péniblement. Le seul truc, c'est que j'ai mal... Vraiment mal... Yeonna, laisse moi partir en paix, c'est tout ce que je te demande... Juste que tu dégages cette douleur...

- D'accord, répondit la prêtresse d'une voix tremblotante.

Les visages démontés par la douleur des deux policiers se penchèrent au-dessus de celui du moribond, empreint de tristesse et de douleur... Yeonna caressa un bref instant les cheveux trempés de sueur de Dorion, tandis qu'Aneliar posait une main paternelle sur son épaule. Puis la prêtresse appliqua doucement ses doigts sur le front du paladin, et une douce lumière bleutée s'en échappa. Le corps du vengeur se détendit, un sourire s'épanouit sur son visage. Il prit une dernière inspiration.

- Il est temps... pour moi... de... dormir.

Ses yeux se fermèrent, sa tête retomba sur le sol, ses mains s'ouvrirent...

Aneliar et Yeonna soulevèrent le cadavre de leur ami, et l'emportèrent, tandis que des larmes froides s'abattaient en rangs serrés sur les bâtiments crasseux, lavant pavés et armure ainsi que le corps sans vie de Dorion, alors que le vent gémissait de toutes ses forces...


Groark se réveilla en sursaut, trempé et gelé, Yeonna à ses côtés...

- Hein ?! Mais qu'est ce...articula t-il d'une voix pateuse.

- Lève-toi ! Dorion est mort !le coupa la prêtresse

- QUOI ?!

Aussitôt dit, aussitôt fait, l'orc bondit de son lit... Pour se mettre à tituber, un bon millier de marteaux lui cabossant le cerveau...

- Allez, bouge-toi ! Et tiens, bois-ça !

- Grrr... C'est quoi ce truc ?

En effet, quelques bulles apparaissaient sur la mixture noirâtre et visqueuse contenue dans le flacon ébréché...

- Bois je te dit !!

Groark déglutit bruyamment, regardant d'un mauvais oeil la potion, puis il déboucha la fiole, tout en prenant une grande inspiration... Il ferma les yeux et avala cul-sec le contenu du flacon... Avant de tousser violemment, un goût horrible dans la bouche... Et le gosier en feu ! Se tenant la gorge, il se dirigea vers la table, où une bouteille d'eau était posée. Mais Yeonna s'interposa.

- Ne bois pas d'eau, tu en gâcherais tout l'effet ! Allez, dehors maintenant, il nous faut aller au poste !

L'orc lança un dernier regard suppliant à la carafe, avant de passer son ceinturon, prendre son arc et mettre son armure et de sortir à l'air libre... Alors il remarqua qu'il n'avait plus mal à la tête... Groark sourit intérieurement. Cette fichue prêtresse et ces horribles mixtures... N'empêche qu'elles étaient sacrément efficaces...

Groark arriva au poste, et contempla le corps torturé du jeune paladin... On avait nettoyé le sang et recousu la blessure. Le visage du jeune policier était paisible, on l'avait habillé de blanc et réparé son armure et son bouclier, qui reposaient à ses côtés. Ses mains croisées sur sa poitrine tenaient sa masse fermement, tandis que déjà on remontait le linceul sur sa tête...


L'enterrement matinal s'était bien déroulé, et les policiers se réunissaient pour déterminer de la suite de l'enquête, le coeur lourd et l'âme peinée. Comme à son habitude, Aneliar exposait son point de vue, mais avec encore plus d'acharnement.

- Cet orc est la solution à notre problème, c'est lui le meurtrier. Cette sauvagerie avec laquelle les meurtres ont été exécutés... Tout colle parfaitement. Sa force, sa discrétion... Tout...

- Oui, certes, le coupa vivement Groark. Mais comment comptes-tu l'arrêter ? Parce que nous réfléchissons aux meurtres, mais pas au combat que nous allons mener... Car il ne se rendra pas sans se battre...

- Le tout, c'est de rester ensemble, ajouta avec raison Yeonna. Si nous sommes dispersés, il nous aura plus facilement, et le temps d'arriver sur les lieux...

Mais de discrets coups à la porte coupèrent tout net la réunion des enquêteurs, et Groark, se levant de sa chaise en grognant, alla ouvrir la porte du local crasseux qui leur servait de quartier général. Un homme d'âge moyen se tenait devant eux, la mine inquiète et le regard fuyant.

- Euh... Il se pourrait que... que j'ai... que j'ai des informations...

- Eh bien, plus vite ! Parle, nous n'avons pas de temps à perdre !

L'orc dont vous avez parlé... C'est une vieille histoire, mais...

- Mais quoi ? grogna le guerrier en rogne.

- Eh bien... Il y a de ça vingt ans, une famille d'orc s'était installée ici. Elle avait un seul fils, Dakoar, et nous étions comme des frères. Mais, il y a cinq ans que je n'ai plus de nouvelles de lui. Il a mystérieusement disparu, et vos deux collègues ont enquêté sur cette affaire. Mais personne n'a trouvé de trace de lui... Mais ce qui m'a heurté, c'est comment vous l'avez décrit. C'est qu'il était plutôt malin et souple pour un orc, sans vouloir vous vexer. Dakoar était aussi très, vraiment très fort. Et puis son rêve, c'était d'être guerrier. Il s'était fabriqué un arc, et puis avait acheté une dague au forgeron, un bout de fer pointu sur un manche de bois, vous voyez le genre.

- Merci de ces informations, je crois qu'on en sait assez. Aneliar, ressort les dossiers sur l'affaire Dakoar qui date de cinq ans ! cria t-il à l'intention de ses collègues. Sur-ce, au revoir !

Groark claqua tout net la porte au nez du xadagannien, avant de se pencher avec ses amis sur les feuillets...


Mais ce moment d'étude fut troublé par des cris dans la rue.

- Elle a disparu ! Ma fille a disparu, gémissait une femme non loin du commissariat.

Groark, Yeonna et Aneliar débouchèrent aussitôt sur la petite place du village, et interrogèrent sans relâche la vieille dame. Celle-ci leur apprit que leur fille d'environ vingts ans s'était faite enlever en allant chercher de l'eau et des plantes à la rivière non loin. D'elle, il ne restait que son foulard...

Les policiers, conduits au site de l'enlèvement par les habitants, discutaient avec animation, une pensée dérangeante s'insinuant dans leurs esprits... Se pourrait-il que la jeune fille ait été la proie du tueur ? C'était plus que probable...

Dispersant les citoyens et leur ordonnant de rentrer chez eux, les enquêteurs commencèrent à examiner les lieux. Des pas ici et là, et puis le seau et le panier de la jeune fille. Mais un cri de Yeonna alerta ses amis. Peu après la rive opposée, la prêtresse avait trouvé quelques gouttes de sang. Immédiatement, se concertant d'un seul regard, les policiers prirent trois directions différentes... La piste continuait. Le pas prudent et l'oeil aux aguets, les trois amis s'engagèrent sous la voûte des sapins tout proches. Tirant leurs armes au clair, il suivirent la piste de sang pendant ce qui semblait être des heures, lentement, les nerfs tendus à craquer... Les policiers débouchèrent sur une clairière... Pour se figer net.

Devant eux était étendu le corps de la jeune fille disparue... Une flaque de sang s'élargissait déjà sous elle, telle une sombre auréole... Leur yeux pleins d'horreur observèrent la scène macabre qui s'offrait à eux... Un bras gisait à quelques mètres de la jeune fille, un bras où la main manquait... L'appendice manquant était accroché à une branche, le bois transperçant la chair délicate... Du sang marquait toute la clairière de peintures macabres, les arbres et les feuilles comme l'herbe et les fleurs... La jeune fille avait été éventrée, et ses entrailles reposaient maintenant à l'air libre, certaines dispersées à plusieurs mètres du corps... Sa tunique blanche était devenue rouge, et son visage était atrocement marqué. Il portait les marques de nombreux coups violents, et ses lèvres étaient éclatées... Mais le pire était son crâne... Des débris d'os jonchaient les alentours de sa tête, accompagnés de bouts de cervelle...


Réprimant à grand peine leur envie de vomir, le sang étant encore frais, les enquêteurs fouillèrent la forêt du regard... Soudain un éclat de rire retenti, suivi de l'arrivée d'une grande silhouette en manteau noir.

- Inutile de me chercher ! Voilà longtemps que je souhaite vous rencontrer, et on dirait que j'y suis enfin parvenu, les apostropha t-il en découvrant ses dents.

- Meurtrier ! Assassin ! Vermine !hurla Yeonna, proche de l'hystérie.

Groark posa une main apaisante sur l'épaule de son amie, et, la tirant en arrière, il prit la parole.

- Rendez-vous immédiatement ! Ou bien nous serons forcés de vous abattre ! Je vous arrête pour les meurtres de trois villageois, de notre confrère et de cette jeune fille !clama l'orc d'une voix forte.

- M'arrêter ! M'arrêter, moi !s'exclama t-il dans un grand éclat de rire. Vu votre bedaine, vous ne seriez même pas capable de manier convenablement l'épée. Quand à la vieille peau, je doute qu'elle puisse me poursuivre, âgée comme elle est. Et votre rat de laboratoire, j'ai entendu dire que son seul talent se trouvait dans la réflexion, en aucun cas dans la magie. Alors comprenez que j'ai du mal à vous croire quand vous parlez d'arrestation... Oh fait, ajouta t-il avec un sourire pervers, votre défunt ami sait très bien hurler... Dommage qu'il n'ait pas appris à se battre...

- Grrrrrrrrrrrrrrr ! En garde meurtrier !

Tirant son épée, Groark se jeta sur leur ennemi. Celui-ci esquiva la charge maladroite d'un pas sur le côté, avant de tourner les talons et de zigzaguer entre les arbres. Les trois amis se jetèrent à sa poursuite, emplis du désir de venger leur ami et les morts. Il coururent pendant ce qui leur sembla être des heures, leur respiration se faisant de plus en plus pénible alors que la journée avançait...


Au détour d'un rocher, ils s'arrêtèrent net... En effet, dans la clairière devant eux se tenait un manoir, une immense bâtisse de vieilles pierres moussues, au toit ébréchés, aux vitres cassées et aux rideaux déchiquetés... La porte d'entrée claqua, dérobant l'orc à leur regard. Sans hésitation, mais prudemment tout de même, Yeonna, Groark et Aneliar s'approchèrent de l'édifice délabré, et ouvrirent la porte... Une horrible odeur de moisi les assaillit dès qu'ils passèrent l'entrée, et leurs pas craquèrent sur le plancher vermoulu et rayé... A leur gauche se trouvait une porte entrouverte, que Groark poussa délicatement, arme pointée vers l'ouverture... S'offrit à eux le spectacle d'une cuisine délabrée, où quelques casseroles rouillées se balançaient tristement au bout de leur crochet, et où une grosse miche de pain entamée reposait sur la table, depuis longtemps moisie. Aneliar faisant apparaître une petite flamme dans sa paume, Groark et Yeonna examinèrent brièvement la cuisine, puis en ressortirent. Ne restait qu'une seule issue... L'escalier poussiéreux qui montait à l'étage... Sa rampe délabrée était dans un triste état, ses marches couvertes de poussière. Groark ouvrit la marche, lame au clair, suivit d'Aneliar puis de Yeonna. La lune éclaira le visage des compagnons et l'acier de l'épée à travers la vitre teintée de crasse, cette pâle lueur contribuant à renforcer le sentiment d'inquiétude qui se lisait sur le visage des trois enquêteurs. Le bois craquait à chacun de leurs pas, et si leur adversaire avait l'oreille fine, et ça ils en étaient presque sûrs, il les avait donc entendu venir de loin... Enfin, la dernière marche se dessina, et le palier apparut, éclairé par un rayon de lune... Avec pour seule issue une porte...


Groak se rapprocha doucement, et posa sa main sur la poignée. Se décalant sur le côté, il ouvrit violemment la porte avant de bondir à l'intérieur, lame en avant... Un rire s'éleva du fond de la pièce, un rire caverneux, propre à distiller la peur, empli d'insinuations glaciales... Une lanterne s'alluma, et éclaira la scène comme en plein jour...


Adossé au mur, son manteau à capuche posé négligemment sur une chaise à côté de lui, l'orc souriait. Vêtu de cuir noir des pieds à la tête, ses muscles puissants se dessinait sous ses habits, et l'éclairage renforçait sa stature impressionnante et son maintien souple, le maintien d'un fauve. Une de ses mains reposait sur la poignée de son énorme épée dentelée, tandis que l'autre pendait le long de son corps. Un sourire détendu et carnassier flottait sur son visage, peint de rouge foncé, presque marron, peut-être du sang.

- De nouveau face à face, policier... Retire ton rat de laboratoire et ta vieille peau, mieux vaudrait qu'ils n'assistent pas à ce qui va suivre. J'aurai tout le temps d'en finir avec eux après notre altercation, fit-il d'un air mauvais.

- Ferme-la, grogna Groark d'une voix sourde. Il est temps pour toi de payer...

- Comme tu voudras...

Avec une vitesse que sa taille ne laissait soupçonner, l'orc se jeta sur lui tout en dégainant son épée. Celle-ci effectua un large arc de cercle, un coup mortel et efficace, sans fioritures inutiles. Le guerrier eut à peine le temps de parer l'attaque, mais celle-ci ébranla tout de même son bras. Se désengageant, l'orc lui tourna autour, à pas de fauve, lents et mesurés... Rien ne laissait supposer la prochaine frappe. Que Groark bloqua de justesse, avant de contre-attaquer maladroitement. Le policier sembla prendre le dessus, forçant son adversaire à se mettre sur la défensive... Mais après quelques pas en arrière et une parade fulgurante, son ennemi frappa d'estoc. Seul un réflexe instinctif et à la limite du désespoir parvint à sauver Groark, qui se décala sur le côté. Pourtant, une vive douleur déchira son bras gauche. L'orc avait réussi à le toucher, lui infligeant une blessure superficielle... Son ennemi enchaîna alors sur une suite de frappes de taille et d'estoc, rapides et vives. Celles-ci touchèrent plusieurs fois au but, entaillant les bras et les jambes du guerrier. Quelques gestes en plus, et les lanières de sa cuirasse craquèrent, le métal s'écrasant avec fracas sur le sol... Hélas, les longues années sans entraînement passées à boire avaient ramolli Groark, et ses réflexes comme son escrime avaient diminué, beaucoup diminué. De la sueur perlait à son front, tandis que sa respiration se faisait plus précipitée sous l'effet du rythme effréné que lui imposait son ennemi...

Soudain, il dérapa et tomba au sol, son pied ayant glissé sur une flaque de sang... L'ennemi en profita pour foncer sur lui, lame prête à frapper... Groark tenta de se relever maladroitement, mais il était trop tard. Il vit l'acier dentelé s'avancer de plus en plus...


En voyant Groark déraper, Aneliar sut que s'il n'intervenait, ce serait la fin. Se concentrant intensément, il se remémora tous les sorts qu'il avait appris, tout en rassemblant toute sa rage, son amertume et l'envie de sauver son ami et Yeonna. Enfin prêt, alors que déjà la lame décrivait un arc de cercle en arrière pour frapper encore plus fort, au-dessus des efforts désespérés de Groark pour se relever, le mage lança le sortilège. C'était une simple boule de feu, toutefois lancée avec suffisamment de vitesse pour déstabiliser l'ennemi... Les flammes touchèrent l'orc aux jambes, et il s'effondra dans un grognement de douleur...


Quand Groark vit passer la boule de feu du coin de l'oeil, il n'en crut pas ses yeux... Aneliar s'était vraiment surpassé ce coup-ci... Il finit de se relever, puis s'approcha rapidement de son ennemi. Celui-ci les maudissait, tout le bas des jambes brûlé par le sort.

- Maudit sois-tu fichu mage ! Et toi aussi, fichu orc !

- Je t'avais dit qu'on t'arrêterait, affirma Groark en s'approchant toujours plus.

Alors qu'il était à deux mètres de son adversaire à terre, celui-ci, dans un geste désespéré, bondit sur lui tant bien que mal, lame haute... Le guerrier avait tout de même encore assez de force pour esquiver, et dans le même mouvement, il frappa... La lame fonça tout droit vers son dos couvert de cuir, le transperçant, et s'enfonça dans la chair, droit jusqu'au coeur. Un autre coup... Et puis encore un autre... Le sang gicla des blessures mortelles, et Yeonna posa sa main sur l'épaule de Groark, pendant que l'orc agonisait... Elle commença à soigner son ami, refermant les petites coupures, ainsi que les entailles les plus importantes, tout ça sans distinction aussi vite et bien que possible... Soudain, le meurtrier, qu'on avait mis sur le côté, éclata de rire, un rire mauvais et glacial.

- Rien n'est fini, vous mourrez tous, personne ne quittera ce manoir vivant !

- On t'a vaincu, alors tais-toi et laisse nos oreilles en paix, répondit un Groark furieux.

- Allez Groark, laisse le tomber, il est temps d'y aller maintenant, je n'ai pas envie de rester plus que nécessaire ici.


Alors qu'ils se dirigeaient vers le palier, une porte claqua derrière eux...

- Oh non non non... Vous allez rester là, mes chers petits amis, fit la voix d'une femme.

Les trois amis se retournèrent brusquement, et ce qu'ils virent les terrifia... Face à eux, ils étaient une dizaine, humains, arisens, elfes, orcs, et même gibberlings. Tous avaient des yeux rouges brillants, et un grand sourire carnassier. Un mouvement sur le côté les fit se retourner... Et glaça leur sang. En effet, l'orc se relevait... Tous furent alors pris d'une appréhension terrible, celle de la proie blessée qui voit approcher le prédateur, celle du condamné conduit au bûcher ou au peloton d'exécution, une appréhension glaciale... Celle de la mort...

- Eh oui, grogna l'orc, il est plutôt difficile de tuer des vampires...


Tous hurlèrent alors que la horde vampirique se ruait sur eux... Le massacre promettait d'être long et sanglant...


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Hystadrion
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MessageSujet: Re: La petite ( et horrible ) histoire de Velgard   La petite ( et horrible ) histoire de Velgard Icon_minitimeMar 29 Mar - 21:20

Massacre au clair de lune

Rappelez-vous les terribles meurtres ayant eu lieu sur Velgard, un petit allods isolé... Pour Halloween, je vous ai concocté la suite des terribles évènements de Nuits et Jour d'Horreur. Lisez, tremblez, et priez pour que votre soirée soit tranquille...


En deux mois seulement, quatre corps avaient été retrouvés sur le petit allods de Velgard. Une chape d'inquiétude s'était abattue sur le village impérial, et chacun vivait désormais dans la plus totale méfiance. Les mines, où qu'on aille, étaient soucieuses, et l'ombre de la peur creusait encore les traits des rudes et pauvres habitants de ce triste rassemblement de masures et d'habitations délabrées. Néanmoins, il est un âge où, à moins d'avoir connu les pires événements, l'insouciance l'emporte toujours sur la prudence, et la gaieté sur le malheur...


Je dévalais à toutes jambes la pente de notre ruelle, le souffle court et les jambes en feu, des éclats de rire plein la gorge tandis que mes camarades me poursuivaient. Je jetais un bref regard derrière moi, et tournant la tête juste à temps, je bondis par dessus le tonneau pourri laissé en travers des pavés. Je me concentrai de nouveau sur ma course, alors que déjà la rue glissante tournait à angle droit. Ce passage était critique si je voulais garder mon avance, et atteindre le point d'arrêt. Aux aguets, j'entendis la course rapide mes amis, et leurs cris de joie tandis qu'ils me voyaient ralentir. C'est que, étant plus près de l'angle sombre, j'avais entendu claquer les sabots d'un cheval... Ma coordination devait être parfaite. Je diminuai encore l'allure, non sans avoir jeté un coup d'oeil inquiet à la meute improvisée qui hurlait de plus belle, toujours à mes trousses. M'accrochant au mur, je dérapai sur les pavés, avant de repartir à fond de train. Juste à temps. La carriole s'avançait déjà devant moi, tirée par un énorme animal grisâtre, qui exhalait de la vapeur à chacun de ses pas. Le fouet du conducteur claquait méchamment sur le dos de l'animal qui, tête basse, tirait tristement son lourd chargement... Sans m'attarder dans mes contemplations, je filais une bonne fois pour toute...


Avec mes camarades, nous nous glissâmes dans la foule. Un nouveau meurtre venait d'être commis... Je regardais la troupe que nous formions, en constatant de nouveau l'absence depuis ce matin d'un de nos membres, Vassili, un jeune orphelin xadaganien, qui vivait dans la rue. Revenant au présent, j'esquivai un bras, avant de me faufiler à travers des bedaines étouffantes et des jambes sèches, jusqu'à enfin obtenir une trouée d'air... Je me figeais, stupéfait, horrifié par le spectacle qui semblait n'attendre que moi... Un jeune corps mince et sale flottait dans une flaque de sang, une expression d'horreur sans nom sur le visage... Le visage de Vassili... Je titubai de quelques pas, avant de m'agenouiller à quelques mètres seulement du mort. Je ne m'aperçus même pas que des larmes dévalaient mes joues, tandis que mes yeux gravaient implacablement dans mon esprit la scène macabre. Un de ses bras gisait plus loin, arraché net, déchiré, tandis que les haillons, noirs de sang séchés, déchiquetés, laissaient apparaître des lacérations sauvages sur le torse de la jeune victime. Sa peau, d'une blancheur de glace, était maculée de rouge vif, dernier vestige de sa vie passée, tandis que sa bouche s'ouvrait sur un dernier cri muet, un dernier soupir d'agonie, un dernier sanglot étouffé. Ses yeux, d'un noir profond, semblaient suivre du regard mes moindres gestes, avec cette fixité dérangeante caractéristique de certains morts. Ce fut donc d'un mouvement d'automate que j'abaissais ses paupières, et que je fermais sa bouche. Sans son sang, ses blessures, et d'infimes contractions de sa figure, on aurait pu croire qu'il dormait... J'étais anéanti par la perte de cet ami, de cette connaissance, ce gosse de la rue, au rire éclatant malgré les difficultés de sa vie... Les drames précédents, qui ne m'avaient pas autant atteint, prenaient désormais une signification toute autre. Personne n'était à l'abri...


Je me réveillais avec le picotement désagréable de la paille sur ma peau. J'ouvris doucement les yeux, apercevant ma mère qui me veillait, chantonnant doucement. J'étais allongé sur ma paillasse, dans la petite pièce qui me servait de chambre. Un instant, je me retrouvai surpris, puis les derniers évènements se rappelèrent douloureusement à ma mémoire... On me tirait doucement par les aisselles, je me laissais faire, sans résister, hébété, comme assommé par ces images d'horreur...


Suivi de ma petite bande, j'entrai dans l'établissement d'un pas vif. En fait d'auberge, c'était une misérable gargote, au parquet crasseux et collant, taché de bière, avec quatre ou cinq tables bancales autour desquelles se rassemblaient quelques chaises branlantes. L'air empestait l'alcool, tandis qu'un feu brûlait au fond de l'âtre, tentant de réchauffer l'atmosphère glaciale de la pièce... En nous voyant entrer, le tenancier nous adressa un faible sourire, et sortit une quinzaine de verre ébréchés qu'il remplit à ras bord de jus de pomme, avant de nous les tendre.

Le mois précédent avait été difficile, vraiment très difficile... Les morts s'élevaient à douze désormais, personne n'osait être seul. La peur et le danger étaient omniprésents, les regards inquiets vous fixaient avec méfiance. Ce soir-là, dans l'auberge, une dizaine d'hommes noyaient leur angoisse ou leur chagrin dans le fond de leur chope de bière, le visage défait, les yeux rougis, l'haleine puante et le dos voûté. Alors que nous nous attablions au comptoir, je tournais la tête, ayant l'impression vraiment dérangeante d'un regard posé, fixé sur moi. Dans l'ombre de la pièce misérable et crasseuse, adossé contre le mur, un individu, encapuchonné, les pans de son manteau sombre lui couvrant tout le corps, semblait observer la salle. Et moi en particulier... En un instant, je remarquai sa chope pleine, et son attitude, car, bien que désinvolte, on pouvait sentir en lui une sorte d'énergie prédatrice, une énergie sauvage dans sa silhouette figée, coincée, semblait-il, dans cette flaque d'ombre. Je me détournais lentement, tout en observant l'inconnu du coin de l'oeil, et prêtais une oreille distraite aux bavardages de mes amis.

La soirée se passa ainsi, émaillée de rires et de joie, de discussions animées. Emaillée, aussi, de l'étrange connivence entre l'individu et moi... Car, si je l'avait vu, lui aussi m'avait remarqué. Et invariablement, je sentais nos regards se croiser...

Et puis, tournant la tête un instant de trop, il disparut. Je sus que je ne le reverrai plus cette nuit-là, et, lorsque, tard dans la nuit, nous rentrâmes chez nous, j'étais toujours aussi préoccupé par cette silhouette noire dans cette flaque d'ombre...


La cadence des meurtres s'était encore intensifiée, il ne se passait pas une semaine sans qu'on ne retrouve deux ou trois cadavres, parfois plus. Chacun se déplaçait armé, mais, lame ou pas, cela ne faisait pas grande différence si les assassins vous prenaient pour cible... La sauvagerie de l'acte ne laissait aucun doute, à moins d'être un combattant, et encore, un bon, on ne pouvait survivre à la rencontre... Un matin, je passais, avec trois de mes amis ( la tuerie en avait fait ses victimes, ou bien la crainte de leurs parents les maintenait chez eux ) lorsque un attroupement singulier attira notre attention. Ce n'était point pour un meurtre que les Velgardiens s'émouvaient ainsi, car c'était désormais chose courante que de trouver un cadavre au point du jour, dans quelque ruelle puante. Non, ce n'était point pour le meurtre qu'ils se regroupaient, décidément, cela était trop improbable... Nous nous approchâmes de la foule, et usant de notre petite taille, nous gagnâmes enfin la cause de toute cette agitation...

Je frissonnais, stupéfait. Les meurtriers clamaient leur présence haut et fort...


Le Fou, car c'est ainsi qu'on l'appelait, était un brocanteur xadaganien... Depuis le début de la tuerie, il avait commencé à fourbir un casque elfe tout ébréché, et c'est ainsi que, régulièrement, on le voyait monter la garde devant sa boutique, assis sur les quelques plantes qu'il avait réussi à faire pousser, sa perruque elfique voltigeant sous le vent... Mais plus jamais il ne se dresserait fièrement sur ses jambes, se pavanant avec son heaume enfoncé, mais étincelant sur sa tête. Car cette-dernière, revêtue de son fidèle casque, baignait dans le sang. Et sur le mur grisâtre de la boutique, écrits avec un soin étrange, ces trois mots : « Nous sommes là ». Une déclaration franche et terrifiante, surplombant un spectacle d'apocalypse... Les meurtriers, cette fois-ci, s'étaient vraiment déchaînés. Les membres du trépassé gisaient un peu partout dans son misérable jardinet, et des plantes, rougies, dégouttait son sang. Son torse était à peine reconnaissable, tant on l'avait déchiqueté, réduit à l'état de bouillie rougeâtre, et ses entrailles entouraient, telle une guirlande macabre, l'enseigne de son commerce. Ses os brisés pointaient à travers sa chair, lames d'ivoire éparpillées sauvagement...

Un de mes compagnons vomit violemment sur les pavés, et reprenant mes esprits, je guidais ma troupe loin de ce massacre. Cette mise en scène macabre me remuait l'estomac et l'esprit, tant elle était horrible...


Je rasai discrètement le mur, m'approchant du poste de garde. De derrière les guerriers de circonstance, je pouvais apercevoir les rues sombres du villages... En seulement quelques mois, ma vie avait changé. La vie de tous les autres également. Certains étaient morts, tandis que d'autres tremblaient sous la pluie battante. Tandis que je scrutais les flaques d'ombre, tous les souvenirs de ma vie, de mon enfance passée, se succédèrent à toute vitesse.


Environ deux mois après la mise en scène de la mort du Fou, la situation avait encore empiré. On pouvait désormais entendre les hurlements de terreur des victimes dès la tombée de la nuit. Les meurtriers ne se cachaient même plus... Les spectacles macabres se multiplièrent, en même temps que la peur des villageois se métamorphosait en épouvante pure. Le bilan s'élevait à plus de cent morts en deux mois. Environ quinze chaque semaine... Et encore, ceux dont on retrouvait le corps.

Les survivants durent prendre une décision. Rassemblant toutes les provisions, la population de notre petit village alla s'installer au centre de la ville, et on assigna à tous ceux capables de tenir une arme un tour de garde. Ainsi réfugiés dans une triste placette, trempés, gelés, et terrifiés, nous nous terrions comme des lapins, en attendant la dernière chasse avec une impatience mêlée d'épouvante... Nous ne voulions pas mourir. Mais cette attente était tout bonnement intenable...


Une lourde main se posa sur mon épaule, me faisant sursauter. Une voix rude m'apostropha :

-Que fais-tu là, petit ? Va donc te reposer, on en a tous besoin...

-Dormir sous cette pluie battante ?! Avec ces choses, ces monstres, qui prennent un dernier plaisir en nous voyant frissonner ! Non, je ne peux pas dormir.

-T'as l'âge de porter une arme, non ?

-Je pourrais, mais ma mère refuse... Elle est trop plongée dans son épouvante et son affection pour moi pour accepter la mort...

-Tu as peur de la mort, petit ?

-Je ne sais pas... J'ai peur. Mais je me contrôle, en me disant que même si notre lutte est désespérée, je pourrai au moins venger les morts, en frappant un meurtrier au coeur.

-Une vengeance ?! me demanda t-il d'un air incrédule. Quoique, réflexion faite, ce n'est pas une si mauvaise résolution.

L'homme sourit, avant de me saisir par le bras.

-Allez, viens avec moi, on va aller te chercher une jolie dague bien tranchante, histoire de faire payer à ces salauds.

Je le regardai d'un air ahuri, avant de sourire à mon tour. Pour quelques minutes, je passerais de l'état de proie à celui de prédateur...


Revêtu d'un petit gilet de cuir épais, et d'une simple épée courte, j'enfilai mon heaume, avant de me diriger d'un bon pas vers les gardes, et de me poster à leurs côtés. La pluie claquait sur mon casque, me dégoulinait dans les yeux, me glaçant sauvagement les os. C'était une belle pluie glaciale de Velgard, une pluie claire et drue, qui récurait tout sur son passage. Crasse comme peurs... Mais dans mon pantalon et ma chemise alourdis par les trombes d'eau, j'observai les ruelles grisâtre du hameau. Mais mes pensées revenaient toujours à la pluie. Elle laverait tout sur son passage, notre sang et nos entrailles, et quand le village serait désert, enfin, elle pourrait laver l'oeuvre des hommes, nettoyer le sol de ces excroissances de pierre noirâtre, puis, quelques dizaines d'années plus tard, il ne resterait plus de nous qu'une simple plaine remplie d'arbres, un cimetière anonyme, un drame terrible et inconnu, un drame oublié de tous...

Je sentais un feu rassurant couver dans ma poitrine. J'avais peur, mais je savais que je ne faiblirais pas, une fois le moment venu. Une douce énergie, détermination et colère mêlées, me parcourait les membres. Je dégainais lentement mon arme. Malgré son âge, elle était en bon état, et l'acier chanta contre le cuir du fourreau. Elle miroitait sous les cordes orageuses, et reflétait mon visage. Je me regardais, surpris. Sous le coup des horreurs survenues les semaines précédentes, je perdais les dernières rondeurs de l'enfance, mes joues se creusaient, et dans mes yeux étincelait un brasier sombre et dur, à l'ombre de mon heaume... Je la rengainai doucement, et elle fit entendre un chant cristallin, mais, me semblait-il, empli de tristesse. Ma lame et moi, nous prêtions avec attention l'oreille à l'appel du sang. Et celui-ci se faisait encore plus pressant au fur et à mesure que la pluie martelait les pavés...


La première attaque nous prit totalement par surprise, et, déjà, alors que des silhouettes sombres se dressaient devant nous, certains hommes s'enfuyaient, poussant des hurlements de panique. En quelques secondes, la place fut en pleine effervescence, pleine de cris, pleine de peur, pleine d'ombres encapuchonnées et de guerriers improvisés. Je me jetais sauvagement sur un des assassins... et me retrouvais en quelques secondes projeté dans les airs. Une brève douleur m'assaillit, avant que je perde connaissance.

Je me réveillai brusquement quelques instants plus tard. Le carnage était total. Alors que je bondissais de nouveau vers l'ennemi, une main me saisit l'épaule, et me retint d'une poigne de fer. Je me retournai vivement, et me trouvais désormais nez à nez avec une de ces silhouettes en manteau noir. Quelque chose dans sa posture, un pressentiment peut-être, me rappelait quelque chose. Mais, à ma grande surprise, il me pressa de l'écouter :

*

Si tu tiens à la vie, viens avec moi !

Tout autour de nous, les membres volaient, s'écrasaient contre les murs, et le sang giclait, ajoutant encore au noirâtre des façades.

-Viens avec moi !!

Les hurlements des mes amis et des villageois m'emplissaient les oreilles, toute l'atmosphère n'était que terreur et sauvagerie.

-Crois-tu que tu puisses faire quoi que ce soit ?! Tous sont perdus !

-Non ! criai-je avec désespoir. Je ne les abandonnerai pas !!!

-Pauvre sot ! C'est le moment pour nous de nous échapper ! Tu es courageux et déterminé, tu sauras vaincre ton chagrin. Mais si tu veux vivre, il faut partir. Maintenant !!

-Vous êtes un des leurs, l'accusai-je d'une voix dure. Pourquoi m'aideriez-vous à m'échapper ?

-Je t'expliquerai ça plus tard, mais maintenant, il faut y aller.

-Eh bien, que fais-tu, camarade ? le héla soudain une autre ombre.

-Je me libère ! rugit l'autre.

Et soudain, il bondit sur l'autre créature, et le frappa d'un solide coup de bâton. L'autre ne se releva pas...

Comme au sortir d'un rêve, je regardais une dernière fois la scène de carnage, la gravant dans ma mémoire. Je devais, à l'avenir, en faire de nombreux cauchemars...

Je m'approchais de l'encapuchonné, mais, celui-ci, d'un simple signe de tête, accepta ma décision, et s'élança sous la pluie battante. Je voulais vivre, cette certitude pulsait au fond de moi... Alors, sous la pluie, je galopais à sa suite...


Il pleuvait toujours. Et fort, très fort. L'ombre se tenait devant moi, à quelques pas seulement.

-Pourquoi ? Répondez, bon sang ! Pourquoi m'avoir sauvé ?!

-Je ne sais pas, petit. Je ne le saurai peut-être jamais...

-Qu'est-ce-qu...

-Suis-moi.

Son ton était sans appel. Et pourtant, je refusai tout net de bouger. J'avais vu mourir tout mon village, ma mère était en train de périr là-bas, sous les coups sauvages des meurtriers. Et il voulait que je le suive sans discuter ? C'était hors de question...

-Qui êtes-vous ? Ou plutôt, qu'êtes vous ?

-Les deux questions ont du sens, mon garçon. Souhaites-tu vraiment avoir des réponses ?

-Oui. Et je ne bougerai pas d'ici, tant que je ne les aurai pas eu.

-Je suis un vampire... Quant à mon nom...

Il s'approcha lentement de moi, et retira sa capuche. Cinglé par la pluie, un visage zébré d'une barbe poivre et sel me fixait à travers deux yeux gris bleuté...

- Je suis Ordval...
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