Le vent froid balayait la plaine. Au loin une silhouette frêle cheminait le long de la rivière gelée. Elle s’arrêta. L’instant d’après une boule de feu explosait sur deux orcs pyromanes.
Le combat fut bref et meurtrier. La frêle silhouette retira son masque et s’avança pour ramasser le butin de sa chasse. « Aaarrh… »
Elle se retourna. Un orque était encore vivant. « Petite G… Tu tapes encore plus mal que Zafiria … »
Sharodka se redressa furieuse, une lueur glac ée dans le regard. En deux pas elle s’approcha et posa l’extrémité de son bâton sur le plexus solaire du malabar aux yeux rouges. « Dis moi comment tu connais Zafiria ».
La douleur se fit plus intense sur le visage de l’orque « Elle est passée il y a deux heures et a tué la moitié de notre bande. Je me suis caché comme les autres. Elle a fini par notre chef. Elle l’a égorgé et à dit : « Je vais à la forto, bonjour de la part de Zafir… »
Une bave rouge monta à la commissure des lèvres de l’orque. Le regard devint vitreux. Il ne parlerait jamais plus.
Sharodka se mordit les lèvres. Zafiria était une connaissance récente. Féroce, certes comme tous les paladins de la ligue, mais prête à aider d’autres Fureteurs…Et si elle parlait de forto…Il ne pouvait s’agir que d’Oreshek. La magicienne s’empara de sa pierre d’aventurier et la serra au creux de sa paume. En quelques instants, elle se retrouva bien loin des vents glacés de Sivéria, en plein Novograd. Il fallait faire vite et retrouver Zafiria avant qu’elle ne se lance dans un assaut direct sans compagnon d’armes. Sharodka se rua à la banque et fit ouvrir son coffre. Rangés au fond des étagères se trouvaient les possessions et armements précieusement conservés. Certains portaient chance. Sharodka prit une baguette de cristal elfique et la contempla un instant. Oui. Pour la forteresse elle aurait besoin de beaucoup de chance. Elle fit refermer le coffre et ressortit en coup de vent , direction Oreshek.
Vers la forteresse la route est longue et tortueuse. Pourtant une magicienne entraînée peut couvrir la distance en petites foulées pour peu qu’elle sache gérer la tension et le souffle. Et avec un corps régulièrement irradié par le mana, la fatigue est négligeable.
Il ne fallut pas longtemps pour arriver au camp du général Zalesky non loin de la forteresse. Le vieux soudard était encore devant sa tente a toiser ces « hauteurs maudites » qui défiaient ses troupes. Sharodka arriva en coup de vent. « Yelena Guerasimova à vos ordres, mon général !
-« Quoi ?!Qu’est ce que vous faites là citoyenne ! » beugla le vieux reître
-Général vous avez un problème, je le sais. Des soldats rebelles contrôlent les abords de la forteresse. Je me porte volontaire pour reconnaître le terrain !
-Ah ? Eh bien c’est parfait ! Si seulement tous les hommes pouvaient être comme vous ! Voici votre ordre de mission ma fille, et n’oubliez pas de revenir au rapport mission accomplie ! »
Munie de son permis de chasse, Sharodka partit vers la forteresse, en faisant exploser quelques magiciens rebelles rencontrés sur sa route.
Aux pieds de la muraille d’Oreshek se trouvait une guerrière Elfe sanglée de pied en cap, aux cheveux couleur rose de jardin, et coiffée à la diable. Zafiria était là, prête, mais à part elle, il n’y avait pas un rat.
Sharodka arriva hors d’haleine « J’ai entendu dire que tu voulais rentrer dans la forteresse. Peut être que je pourrais t’aider, je l’ai déjà visitée deux fois…Mais ces fichus rebelles sont tenaces ! » Un druide hirsute accompagnée d’un ourson couvert de runes arriva l’instant d’après. « Alors on groupe et on y va ? ». Zafiria était enchantée.
Quelques instants après les deux Fureteuses et Mixdemon le druide étaient prêts. Mais personne d’autre ne s’était présenté. Zafiria s’énervait. « Bon on va y aller peut-être !!!» . D’ici peu elle allait devenir incontrôlable. « Bon, hé bien » … Sharodka n’eut pas le temps de finir sa phrase que Zafiria avait déjà sauté dans la brèche. «Mixdemon on la suit, sinon elle est cuite ! »
L’instant d’après tout le monde était dans la cour, devant la tour et sous les regards malveillants de la fine fleur crapuleuse de tout Kvatoh . Bagarreurs, soudards, sorciers, prêtres, loups, trolls et leur maléfique chef retranché au fond de sa tente, Gudimir le rôtisseur.
C’était certain, leur trio allait en prendre plein la figure et Sharodka passerait la fin du mois à utiliser du fil et une aiguille pour faire des points de suture. En attendant Zafiria se dirigeait vers l’aile gauche où se profilait la silhouette grotesque d’un troll. Entre lui et eux il n’y avait que des groupes de soldats, d’enchanteurs et deux ou trois maîtres de loups de guerre. Face à de tels adversaires il fallait croire en la gloire comme un paladin.
Sharodka n’allait pas laisser l’initiative à Zafiria. Quelques instants de concentration et elle lança une tempête de neige sur deux assaillants. L’instant d’après les deux mauvais garçons se lançaient sabre au clair vers la magicienne. En un éclair, un coup d’épée et une boule de feu leurs corps calcinés retombaient sur le sol.
« Oh ! » Ca n’avait pas été si facile que ça la dernière fois. Rien que pour vérifier Sharodka testa sa tempête de neige sur un archer et un enchanteur. Les deux ennemis purent lui décocher quelques projectiles avant de mourir décapités.
Zafiria était ravie. « On fonce sur le troll ! »
« Celui là je ne sais pas si je vais pouvoir… » Par contre la magicienne savait que le troll pourrait l’aplatir comme une punaise au premier sort venu. Et en fait le troll se dandina vers Zafiria qui commença à le larder de coups d’épée. Ravie Sharodka continuait d’envoyer des flèches de feu …Jusqu’à ce quelle se retrouve devant le dresseur du troll. L’affaire devenait chaude. Au dernier momen Zafiria et Mixdemon mirent fin à la carrière du mauvais garçon . Et le silence retomba : l’aile gauche avait été débarassée d’ennemis…
« On va sauver Antoine ! » Zafiria était déjà partie en avance. Sharodka la suivit au pas de course « Ca ne sera pas si faacile !! »
Quelques cadavres fumants plus tard ils étaient au pied des marches. Laissant les deux autres se lancer dans l’escalier, la magicienne attendait plus bas une boule de feu au creux de sa main. Les enchanteurs et reîtres viendraient surement.
Ils vinrent , mais n’eurent jamais le temps de descendre très loin. L’ours, le druide, et Zafiria infligeaient de terribles blessures qu’une boule de feu ne pouvait qu’aggraver. Eberluée Sharodka escalada les marches. Au sommet se trouvaient des enchanteurs, guerriers, invocateurs, l’Elfe…Et dans un coin se trouvait un malade du nom de Timour le destructeur…Un maniaque du boutefeu.
Cela ne pouvait être qu’un très mauvais moment à passer, ponctué par des explosions spectaculaires qui feraient flamber le mana qu’elle aurait encore si elle n’était pas morte avant. En général, Timour fonçait TOUJOURS sur Sharodka pendant que les autres se planquaient pour se refaire une santé.
Ce ne fut pas le cas cette fois ci. Destructeur ou pas, Zafiria avait décidé de régler le problème de Timour et dès que Sharodka ait envoyé sa tempête de neige, elle partit lui tailler la couenne de façon exemplaire. Et quelques instants plus tard, l’esplanade au haut des marches était libre d’ennemis, pendant qu’Antoine de Vevre prenait avec hésitations le chemin de la liberté. Il ne restait plus qu’a emporter le dernier bastion rebelle et s’emparer des plans de la rebellion…Et affronter Gudimir.
Au refrain de Sharodka : « Ca ne sera pas facile »…Zafiria répliqua « Je ne comprends pas pourquoi tu dis ça on n’a eu aucun problème !
-Pour l’instant ».
Gudimir était le chef de la rebellion dans la forteresse, c’était un prêtre de la pire sorte qui soit, doté d’un sort qui emprisonnait ses victimes dans une cage de fer sur un bucher enflammé…Et son endurance était légendaire. Sharodka savait que leur trio n’aurait aucune chance. Mais la bataille avait été féroce jusque là …Pourquoi reculer ?
Quelques minutes plus tard les trois assaillants contemplaient le sol du bastion rougi par le sang de ses défenseurs. Et par delà cette étendue , les toisait Gudimir , le regard étincelant. Ce malade avait contemplé le massacre de ses hommes de main, et maintenant il allait leur faire payer cela à grands coups de chaînes rougies au feu. Ce type là était carrément sadique. Le combat s’engagea. Quelques instants plus tard Sharodka comprit qu’imbu de l’inéluctabilité de sa supériorité, Gudimir ne chassait jamais ses ennemis mais au contraire attendaient qu’ils viennent à lui pour être cruellement défaits.
Zafiria crachat un caillot de sang sur le sol poussiéreux. « On n’a plus d’espoir de le battre. Deux d’entre nous le bloquent pendant que le troisième inspecte les tentes. »
Il fallait se préparer. Sharodka invoqua toutes ses barrières, reflets, prépara une boule de feu. …De l’autre côté Gudimir ricanait…Elle invoqua sa tempête de neige. Et pendant quelques minutes ce fut une course poursuite autour des tentes, ponctués par des coups d’épée, des courses pour libérer les compagnons emprisonnés par un bucher, des tempêtes de neige et boules de feu à répétition.
Enfin Sharodka se trouva seule devant Gudimir…Mixdemon était trop loin. Le prêtre ricanait. Sharodka envoya une boule de feu. Il avança encore et encore alors que Sharodka ne préparait plus de sorts mais envoyait de pauvres flèches de feu. Puis il s’arrêta. L’incompréhension se lut un instant sur le visage de Gudimir avant qu’un dernier projectile ne lui crame la figure.
Sharodka ne pouvait y croire ! Le gros pervers était mort ! Et elle était la seule à avoir survécu !
Une lueur d’avidité au fond des yeux elle commença à fouiller la dépouille. Et là, il y avait une robe resplendissante ! Sharodka s’en empara.
Les deux autres venaient d’arriver « On l’a eu ! regardez ce que j’ai trouvé !!!C’est fantastique ! Je vais revenir à l’auberge et faire un bisou au premier gibberling que je vais trouver ! »
Ravie elle allait enfiler la robe quand… ». C’est du cuir ! Je me suis fait cramer la couenne par ce sal… de Gudimir et je n’ai qu’une robe DE CUIR ! »Sharodka manquait en pleurer. Mixdemon ricanait…Le monde était cruel. Le désappointement était féroce. La raclée qui s’abattit sur les deux magiciens qui gardaient l’esplanade de la tour le fut tout autant.
Enfin vint le temps d’accrocher le drapeau. Ils étaient trois…Et ils avaient nettoyé la forteresse.
A l’auberge de Novograd, Sharodka était encore amère. Elle n’avait trouvée que cette fichue robe, dont elle n’avait que faire…En soupirant elle avala une autre gorgée de thé. Un rayon de soleil perça les nuages. Sharodka regarda en souriant. Oui la journée était superbe.
Finalement, un gibberling eut droit à son petit bisou.
Dim 13 Mar - 21:19
