Je m'avançais doucement devant l'auberge, et je poussais la porte. Les longues journées de marche m'avaient épuisée, et le brouhaha accueillant et la douce lumière qui régnaient dans la taverne m'apportaient beaucoup de réconfort. La pluie avait trempé ma cape, et traversé mes habits, je gelais des pieds à la tête en passant par les os. Mes cheveux pendouillaient tristement, et je ployais sous le poids de mon sac. J'entrais donc d'un pas lourd. Un gobelin m'accueillit, désireux de savoir ce que je souhaitais faire :
-Bonjour. Votre nom ?
-Euh... Hystadrion, répondis-je en étant un peu surpris de cette brusque entrée en matière.
-Vous êtes quoi vous ?
-Euh... Uhm... Chroniqueuse.
-Ah bon ? grogna le gobelin un peu décontenancé.
-Oui, je raconte le voyage de mon ami Ashtan.
-Bon. Vous désirez une chambre ? Nous faisons les meilleurs repas du coin, et nos lits sont sans mites, promis. En plus, vous avez une bibliothèque.
-D'accord. Combien pour la chambre ?
-2 pièces d'argent, repas compris ce soir.
-Oh, ne pus-je m'empêcher de murmurer à l'annonce du prix.
En effet, j'avais peu d'argent. Mais le gobelin, déjà, se frottait la barbe :
-Il y aurait un autre moyen de paiement. Vous êtes Chroniqueuse, vous écrivez donc des livres. En ces temps de guerre, cette denrée est rare, et les bonnes histoires évitent en partie les risques. Voici mon offre. En échange de la chambre, vous, madame, me devez vos Chroniques. Celles-ci enrichiront ma bibliothèque.
Je ne réfléchit qu'un instant, avant d'acquiescer, trop fatiguée pour parler. Le gobelin me conduisit à une chambre, me délesta de ma lourde cape, et me poussa à l'intérieur. Me lançant une clef, il s'en alla en refermant la porte.
Je m'allongeais, et souris. Mon séjour promettait d'être agréable. Je me changeais et farfouillais dans mon sac. A la lueur des bougies, je contemplais le parchemin que je venais de sortir. Je caressai brièvement la feuille, avant de sortir plume et encre, et d'écrire, d'écrire encore et encore...
Dans la nuit, seul le grattement de la plume sur le papier troublait le silence...