L'aubergiste gobelin essuyait une chopine quand il remarqua deux nouveaux clients qui venaient d'entrer dans son auberge. Des gibberlings encapuchonnés et trempés par la pluie. Il déposa sa chope et son torchon et se présenta à eux.
«Bienvenue dans mon auberge. Je présume que vous venez vous abriter du mauvais temps.
Le plus grand des deux étrangers retira son capuchon, bientôt imité par son compagnon, et s'avança.
«Nous comptons passer la nuit ici, si bien sûr il vous reste une chambre. Nous sommes trois, mais un grand lit suffira.
–Je crois avoir la chambre qu'il vous faut. Tiens, voici la clé» ajouta-t-il en la leur tendant.
«Merci bien. Et quand voulez-vous qu'on vous paye?
–Oh, seulement au moment de votre départ.
–Très bien. Mais je dois vous dire que je ne sais pas encore combien de temps nous resterons dans votre auberge. Pourriez-vous me dire avant que nous ne montions s'il y a un moyen de faire sécher nos vêtements?
–Il y a un âtre dans votre chambre, vous pourrez les y étendre.
–Encore merci pour votre accueil», conclut le plus grand gibberling.
L'autre, qui n'avait pas dit un mot, retourna à la porte d'entrée et dit quelque chose à un troisième gibberling qui attendait dehors sous un parapluie. Le gobelin le remarquait pour la première fois. Ils avaient bien dit être trois. Tous deux entrèrent et rejoignirent le plus grand. Bizarrement, le dernier venu gardait son parapluie ouvert à l'intérieur, et en raison de sa petite taille, était presque impossible à voir.
Alors qu'ils montaient l'escalier menant à l'étage les uns derrière les autres, l'aubergiste les interpela une dernière fois.
«J'oubliais presque, voulez-vous qu'on s'occupe de vos montures?»
Le dernier des trois à être encore visible, celui qui était resté à la pluie, sortit la tête de sous son parapluie pour lui répondre.
«Non merci, nous sommes venus à pieds.»
Et à la grande surprise du gobelin, c'était une fille.
L'aubergiste retourna à sa chopine en gromelant.
«Bah, tant qu'ils payent.»